Le stress post traumatique après l’accouchement
Le stress post traumatique après l’accouchement est un phénomène méconnu mais qui touche pourtant environ 42 000 femmes par an, il ne fait pourtant l’objet d’aucune prévention ni dépistage en post-partum.
La grossesse et l’accouchement constituent un moment pivot dans la vie d’une femme, ce qui a amené à le qualifier de crise maturative par la transformation identitaire profonde qu’il induit. A la marge, l’accouchement peut mener au développement d’un état de stress post-traumatique (ESPT), qui se distingue des bouleversements naturels du devenir parent par un tableau clinique précis.
Antérieurement exclu des situations pouvant mener au développement d’un stress post-traumatique en raison du fait que l’on considérait que l’accouchement faisait partie de l’expérience humaine habituelle, l’accouchement a été intégré aux évènements pouvant provoquer un ESPT en 1994 lors de l’écriture du DSM-IV de l’American Psychiatric Association.
1. Accouchement traumatique
L’accouchement traumatique désigne un traumatisme psychologique survenant au décours d’un accouchement. Le terme est communément utilisé pour désigner un traumatisme physique subi par la mère et/ou l’enfant, qui peut être associé à un traumatisme psychologique chez la mère.
Cependant, un traumatisme psychologique peut être présent, même si cliniquement la naissance n’a pas occasionné de complications ou de séquelles physiques. Le traumatisme psychologique lié à l’accouchement est caractérisé par des symptômes spécifiques de choc psychologique qui persistent pendant des semaines, des mois ou des années après la naissance.
Dans les cas les plus graves, un traumatisme à la naissance peut entraîner une affection psychiatrique appelée état de stress post-traumatique (ESPT en français, PTSD pour Post-Traumatic Stress Disorder en anglais) connu aussi sous le nom de syndrome ou de trouble de stress post-traumatique.
2. Symptômes
Les symptômes du stress post-traumatique après l’accouchement sont identiques à ceux rencontrés dans le cadre d’autres situations traumatiques.
On retrouve 4 catégories de symptômes :
• Evitement de tout ce qui renvoie à l’événement : lieu, discussions, personnes, suivi médical…
• Reviviscence : par des flashbacks, pensées intrusives, cauchemars, sensations en lien avec l’évènement…
• Perturbations des émotions et de la concentration : amnésie, pensées négatives, culpabilité, perte d’intérêt, sentiment de détachement vis à vis des autres, troubles du sommeil…
• Hyper-réactivité : irritabilité, hyperactivité, sursauts…
Il est possible de ne présenter qu’une partie de ces symptômes, s’ils perdurent dans le temps on parle de traumatisme partiel.
Il peut arriver immédiatement ou au contraire arriver de façon reportée, lors de la grossesse suivante par exemple. Dans le cadre de l’accouchement, la mère peut revenir sans cesse sur cet accouchement ou au contraire éviter toute conversation sur ce sujet. La culpabilité est aussi extrêmement fréquente et intense.
On retrouve aussi un croisement avec des symptômes dépressifs, même s’il ne faut pas pour autant mélanger l’ESPT avec la dépression du post-partum au risque de proposer un accompagnement inadéquat.
3. Facteurs de risques
Les études ont permis de dégager différents facteurs de risques liés au développement d’un stress post traumatique après l’accouchement.
Parmi ceux-ci on identifie classiquement les antécédents traumatiques comme pour les autres situations, mais également la détresse pendant l’accouchement et les interventions (la césarienne en tête, avec les extractions) et le faible soutien social.
Dans une étude il était demandé aux patientes d’identifier les facteurs de leur traumatisme, permettant d’identifier des facteurs plus subtils sur le déroulement de l’accouchement en lui-même, comme :
• Le manque de communication
• Le manque de consentement
• La douleur
• Le manque de soutien de l’équipe
• La perte de contrôle
• Un travail long
• Le manque de respect
A l’inverse, le sentiment de contrôle et le soutien du conjoint semblent jouer un rôle protecteur important.
Ces facteurs sont intéressants car ils permettent de mettre en perspective ce qui a été vécu et de voir le cumul de facteurs :
– pour un peu plus d’indulgence envers soi, là ou la culpabilité et l’incompréhension sont intenses
– et pour voir ce qui pourrait être protecteur (pour reconsulter notamment).
4. Conséquences ou séquelles physiques éventuelles
Les symptômes entrainent une souffrance considérable qui impacte la qualité de vie, les relations familiales, sociales, la vie sexuelle, ou le monde professionnel. Dans le cas de l’accouchement, la relation mère-enfant, le couple, ou la triade père-mère-enfant peuvent être impactés temporairement ou durablement.
Le traumatisme pouvant être lié aux interventions, à leur contexte et à leurs répercussions, le rapport au corps est bouleversé et peut s’accompagner de troubles sexuels (fluctuations ou perte du désir, douleurs, vaginisme,…).
Ceux-ci, sans soutien ou aide, peuvent aboutir à une altération de la relation de couple pouvant aller jusqu’à la rupture, une dépression, et concernant une grossesse suivante à une demande de césarienne programmée.
5. Prise en charge
Différentes approches sont possibles pour soigner un stress post-traumatique consécutif à l’accouchement. Il est possible de les cumuler ou non, selon ses propres besoins. L’essentiel est de se sentir en sécurité et en confiance dans ses démarches.
Un suivi psychothérapeutique, de l’EMDR, mais aussi d’autres techniques comme l’hypnose, les TCC sont possibles.
L’essentiel réside dans le fait que l’approche fasse sens pour la patiente et que la relation thérapeutique soit bonne.
Une approche corporelle pour se réapproprier son corps est un complément intéressant et particulièrement bénéfique en cas de séquelles physiques post-accouchement. Cette approche peut prendre des formes plus variées selon sa sensibilité entre sport, kiné, approche holistique, Reiki…
Trouver des réponses aux questions qui tournent en boucle auprès d’un professionnel en qui l’on a confiance peut être une aide.
Enfin, non des moindre, retrouver du plaisir dans le quotidien et dans des activités qui procuraient du plaisir est bénéfique, pour se retrouver après s’être perdue.
Aussi difficile soit il, le traumatisme n’est pas inéluctable ni de la faute de la personne concernée, ainsi il est important de s’autoriser à en parler et consulter lorsqu’on le sent nécessaire, lorsqu’on se sent trop en difficulté.
Chaque femme compte.